« Le Docteur Léon est arrivé au Pont de Pacé en 1941. Il était très apprécié pour son dévouement et sa gentillesse »
Si Odette Neveu est connue des anciens Pacéens pour avoir tenu la supérette SPAR de la commune de 1952 à 1989, elle a aussi résidé au Pont de Pacé durant les années 40. L’occasion d’en savoir un peu plus sur ce » quartier « , dont les commerces et la route lui conféraient un certain dynamisme, et de découvrir qui était le très apprécié Docteur Léon, dont une rue de la commune porte le nom. Il a été Maire de Pacé de 1963 à 1977.
A quoi ressemblait le Pont de Pacé dans les années 40 ?
A l’époque, des champs séparaient le bourg du Pont de Pacé, mais la route passait déjà par là. La quatre-voies n’existait pas encore et tout le monde utilisait le pont pour rejoindre Saint-Gilles. Bien sûr la circulation était moins importante mais, les années passant, des problèmes sont apparus car la route est étroite pour rouler à deux voitures. D’ailleurs, j’ai déjà vu une personne à cheval par-dessus la rampe du pont!
Était-ce un endroit animé ?
Je me souviens que les commerces étaient nombreux. Pas moins de trois restaurants, dont un hôtel-restaurant sur le bord de la rivière, trois épiceries, une boucherie, une boulangerie (fermée récemment), des cafés, et un mécanicien vélo. Au mois de juin, les commerçants organisaient la Fête du Pont. Elle se déroulait dans toute la rue, le long des commerces. Les cafés s’occupaient de la buvette et les habitants se divertissaient au bal ou encore au mât de cocagne. C’était un poteau qui était placé spécialement pour la fête et il fallait grimper pour attraper les lots suspendus en haut. Une autre animation consistait à décrocher avec la langue ou le nez ce qu’il y avait sous une tuile enrobée de graisse. Je crois me rappeler aussi d’un char ou quelque chose du genre pour amuser les participants.
Tout le monde se souvient du Docteur Léon au Pont de Pacé. Pourquoi a-t-il tant marqué les esprits ?
Le Docteur Léon était très apprécié pour son dévouement et sa gentillesse. Il est arrivé au Pont de Pacé en 1941. Bien entendu il soignait, mais il faisait aussi office de dentiste et il accouchait les femmes, parfois deux ou trois en même temps éloignées les unes des autres. C’était le seul médecin pour toute la commune et il n’y avait même pas de pharmacie. Il travaillait jour et nuit et, en plus de recevoir les patients à son cabinet, il se déplaçait à leur domicile dans toute la campagne de Pacé.
Au début il avait une mobylette, mais ce n’était pas toujours simple car certains chemins n’étaient pas praticables. Alors, quand il ne pouvait pas continuer avec son deux-roues, il le laissait sur place et finissait à pied. Sa femme me disait qu’il y avait toujours une paire de bottes et un pantalon en train de sécher à la maison. Tous les habitants l’aimaient bien car, malgré son surmenage, vous pouviez l’appeler n’importe quand et il était toujours agréable.
Mes beaux-parents m’ont raconté qu’un jour il s’était endormi en écrivant une ordonnance! Dans les années 60, il est devenu maire de Pacé tout en continuant son métier. Il n’était pas rare de le voir rédiger des ordonnances sur le capot de la voiture. C’était vraiment un métier impossible.