Marie-Juliette Lambart

Du haut de ses 90 ans passés, Marie-Juliette Lambart est un témoin précieux sur la vie quotidienne à Pacé jusqu’en 1955, date à laquelle elle s’installe alors à Montgermont. Ses souvenirs, vifs et précis, révèlent l’ambiance conviviale qui régnait dans le bourg à cette époque.

Votre mari a longtemps géré la scierie de la commune. Pouvez-vous nous en parler un peu ?

Mes beaux-parents ont acheté la scierie vers 1936. Mon mari, charpentier de métier, y a longtemps travaillé avant de la revendre à son frère. Puis l’activité a définitivement cessé en 1980. En plus de la coupe de bois, l’entreprise effectuait des travaux de charpente. Le bois était le plus souvent apporté par les fermiers et était coupé avec une machine à feu* . Il m’est arrivé de faire chauffer la machine: il fallait que ça soit juste à point car si la température montait trop, la vapeur faisait un bruit épouvantable dans tout le bourg! Ça me faisait même peur.

Vous avez travaillé un temps à La Métairie. Quels souvenirs en gardez-vous ?

J’allais y traire les vaches. A l’époque, c’était une grange remplie de fûts de cidre mais aussi de clochards ! Ils venaient dormir la nuit. Je m’y rendais de bonne heure et quand j’ouvrais la porte pour aller chercher ma blouse, tous les clochards se levaient. Autant dire que je la refermais très vite… En réalité, ils n’étaient pas méchants, ils avaient juste besoin de dormir au chaud. L’exploitant était bien au courant et les tolérait. C’était gentil de sa part. Mais c’était partout comme ça, les gens étaient beaucoup plus solidaires, plus familiers. En évoquant le côté familier du village, je pense aussi aux lavoirs, lieu où les femmes se retrouvaient… C’est vrai, c’était convivial: nous nous racontions des devinettes, nos petites histoires, nos soucis, les maladies des enfants, l’école… mais certaines femmes en profitaient aussi pour critiquer! Le lavoir de la commune s’appelait Le trou brillant et était situé au bout du chemin qui va à l’Andume. Il y avait une fontaine au-dessus. On venait battre tout notre linge et le laver, même par temps glacial. Heureusement, on s’entraidait pour essorer les draps.

Aviez-vous le temps d’avoir des loisirs ?

Du temps de ma jeunesse, on ne sortait pas tellement mais on se réunissait entre voisins le samedi soir. Les parents jouaient parfois aux cartes pendant qu’on discutait et échangeait des devinettes. Le dimanche, on descendait entre groupes de jeunes dans le bourg et, après la messe, on allait boire le café au bistrot. Il y avait beaucoup d’ambiance. Je me rappelle en particulier du Café Dartois. La famille Dartois est arrivée en 1949 et les fils (ils étaient 6!) animaient un spectacle de chants et de mimes. On les appelait Les frères Jacques. Pour se faire connaître, ils nous avaient demandé de jouer le jour de notre mariage. Ils ont réussi à se faire une belle réputation et les familles faisaient appel à eux de très loin. Finalement, ils ont continué de se produire ensemble pendant longtemps, jusqu’à ce qu’ils se marient. Ils chantaient vraiment bien! Nous n’avions encore jamais entendu ça par ici.

* machine à vapeur

Votre navigateur est dépassé !

Mettez à jour votre navigateur pour voir ce site internet correctement. Mettre à jour mon navigateur

×