L’instituteur Guy Gérard raconté par son fils, Jean-Michel Gérard

Jean-Michel Gérard a vécu toute son enfance dans l’école-mairie avant d’enfiler à son tour le costume d’instituteur puis de professeur de français. Fils aîné de Guy Gérard, il dresse un portrait sensible de son père dans son rôle d’enseignant à l’école laïque des garçons. Ainsi, jusqu’aux années 80, cet homme passionné et fédérateur marqua nombre d’élèves par son charisme et son amour de la nature.

Nombreux sont les Pacéens qui se souviennent du tilleul dans la cour de l’école…

Oui, et il est toujours debout. Il a survécu au bitume ! Ce tilleul incarne mon enfance passée dans la cour, nos jeux de billes avec mon frère Yannick au pied de son talus. Cet arbre vénérable accompagne la vie des Pacéens depuis de très longues années. Avec mon père et tous les élèves, nous récoltions le tilleul que nous étalions sur des draps dans la cour avant d’en faire des tisanes. C’était l’ancienne école, qui sentait bon l’entretien du parquet huilé, le feu qu’on devait faire dans la classe chaque matin, les plumiers et les porte-plumes.

Comment expliquez-vous ce rituel du tilleul organisé par votre père ?

Mon père était très proche de la nature. La porte de la classe s’ouvrait sur son jardin dans lequel il passait beaucoup de temps. D’ailleurs, je crois qu’un de ses poèmes fétiches, c’était Le Laboureur et ses enfants*. Il emmenait aussi les élèves dans la rabine** faire des cueillettes. Et nous allions parfois jusqu’à la Flume, au Pont Amelin, pour y faire des concours de pêche. C’était une vraie expédition ! Je pense que c’est notre père qui nous a donné cette écoute, cet amour des arbres, de la nature.

Quelles autres valeurs lui connaissez-vous ?

Il se faisait respecter avec beaucoup d’autorité et ça marchait. C’était aussi une personne de dialogue. Il n’avait aucune limite, aucun sectarisme si ce n’est de ne pas aimer les gens sectaires… D’ailleurs, il a entrepris quelque chose d’assez extraordinaire pour l’époque : il a fait en sorte que les deux écoles, privée et publique, partent ensemble en classe de neige. Cela s’est fait avec l’Abbé Leblanc et le Dr Léon dont l’entente était très forte. Ils étaient des références mutuelles.

Quel couple formait-il avec votre mère ?

Ma mère était secrétaire à la mairie et elle s’occupait du restaurant scolaire. Elle faisait tourner la boutique, gérait la maison comme toutes les mamans avec brio. Ils formaient un couple solide et partageaient ensemble une passion pour les voyages. J’avais quelques mois quand ils ont traversé la France dans une 4 CV. Plus tard, je me souviens que mon père nous commentait les paysages, les montagnes, etc. C’était vraiment une leçon de géographie !

Avez-vous un souvenir particulier de votre père en classe ?

J’ai appris récemment à mes élèves Le Dormeur du Val*** et je ne dis jamais ce poème sans avoir les larmes aux yeux car c’est un poème merveilleux, mais aussi parce que je repense toujours au Dormeur du Val que nous apprenions dans la classe avec notre père. Il avait une espèce de profondeur et de densité qui nous emmenait beaucoup dans l’émotion. Il était passionné.

* Poème de Jean de la Fontaine ; ** Mot d’origine bretonne signifiant  » allée d’arbres  » ; *** Poème de Arthur Rimbaud extrait du recueil Poésies écrit en 1870

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