La maison du café de Julia Philouze

Julia Philouze est arrivée à Pacé en 1949 et s’est installée au lieu-dit Les Champs, une ferme isolée et totalement vétuste. Après le décès de son époux en 1970, elle parviendra pendant 13 ans à gérer seule la ferme et à élever ses huit enfants. Aujourd’hui âgée de 95 ans, elle se souvient avec sa fille Nicole de cette époque difficile mais riche de partage et de solidarité.

Décrivez-nous votre ancienne ferme…
Julia : On habitait dans une maison deux pièces. J’avais 10 vaches et 9 hectares de terre, mais j’en louais 3. Pendant très longtemps, on n’a eu ni eau courante, ni électricité, ni téléphone. La plupart du temps, même le puits était vide et je n’avais même pas une goutte d’eau pour mes enfants qui rentraient de l’école. Une fois, la cuve d’eau avait gelé et on avait dû la mettre dans l’étable pour que les bêtes la réchauffent.
Le froid rentrait dans la maison. Le café, tout était gelé !
Nicole : On avait une vieille masure, mais par contre c’était propre.

Que produisiez-vous ?
J. : Je vendais du beurre, des oeufs, de la volaille, des lapins et quelques céréales comme le blé. C’est comme ça que j’arrivais à payer le fermage. Parce que j’étais locataire. Le fermage, c’est un bail à payer deux fois par an. À Pâques et à la Saint-Michel, en septembre. C’est aussi à la Saint-Michel que les nouveaux arrivants entraient dans leur nouvelle ferme

Avec huit enfants, vous deviez avoir beaucoup de lessives à faire. Avez-vous connu le lavoir ?
N. : On avait quand même une laveuse qui venait laver le linge. Et qui aidait à la maison.
J. : C’était pas le vrai lavoir qu’on avait par là. Il était trop loin le lavoir. On allait à la fontaine, au ruisseau. On avait froid aux mains ! Et des fois, il n’y avait pas d’eau, il fallait aller ailleurs. Et on avait une bonne brouettée ! Pousser la brouette, oh là là ! On mettait d’abord le linge à bouillir dans une chaudière puis on frottait et on mettait ça dans la brouette pour le rincer au ruisseau. C’était du boulot.
N. : Heureusement, on était très entourés. Il fallait voir le monde qui venait à la maison. C’était la maison du bon Dieu là-bas ! On nous appelait La maison du café.
J. : Les gens venaient pour me remonter le moral quand j’ai perdu mon mari. Je leur offrais un café. Et quand ça poussait bien dans le champ, je donnais des légumes, les gens se servaient. Je faisais confiance. J’ai eu une chance formidable. Tous les voisins m’ont aidée. Un jour, on m’a proposé soit de me donner un peu d’argent soit de m’installer l’eau courante. J’ai choisi d’avoir l’eau !

La ferme étant assez isolée, comment vous déplaciez-vous pour vous rendre à Pacé ?
J. : J’avais une mobylette. C’était des chemins. On allait beaucoup plus à Saint-Gilles en ce temps-là car c’était plus près. C’est quand la route est arrivée, dix ans après, que je suis allée davantage à Pacé. Parfois on changeait de chaussures arrivés au Grand Chemin à cause de la boue. C’était une corvée. Mais c’était comme ça.
N. : On allait à l’école à pied avec tous les voisins. Quand il y avait la Fête Dieu on se dépêchait tous de rentrer pour chercher nos paniers et ramasser les pétales de fleurs. C’était génial les beaux dessins de fleurs dans le bourg ! Il y avait des stèles et des parterres de fleurs. On faisait le cortège avec notre petit panier blanc et on lançait les pétales en marchant. C’était une très très belle fête.

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