Poussée par le vent du hasard, Manine Vulmière s’installe à Pacé en 1981. Cette enseignante férue de lecture se rend naturellement à la bibliothèque et devient trois ans plus tard la première bibliothécaire professionnelle de la commune. Elle contribuera, avec une ardeur et un enthousiasme contagieux, à la dynamisation de la bibliothèque et à la création de la médiathèque.
Comment êtes-vous devenue responsable de la bibliothèque de Pacé ?
J’étais une très très grosse lectrice et j’ai donc vite été repérée par la responsable, Mme Mocquard, qui m’a demandé si je voulais bien les aider un peu. La bibliothèque faisait alors partie intégrante de la MJC mais c’était une bibliothèque municipale gérée par des bénévoles. J’ai trouvé qu’elle était déjà bien organisée et qu’elle offrait pas mal de choix de livres. A ce moment-là, j’étais enseignante et comme j’avais changé d’Académie, je n’avais pas encore de poste. Très encouragée par les bénévoles et la conservatrice à la Bibliothèque départementale, je me suis lancée assez vite dans le CAFB, Certificat d’aptitude aux fonctions de bibliothécaire. C’était l’époque Jack Lang et il y avait des subventions en faveur du développement de la lecture publique. Je pense que cela a poussé les élus à m’embaucher.
Racontez-nous la naissance de la médiathèque…
La bibliothèque tournait vraiment bien et elle a continué de prospérer. Vers 1988, on a donc commencé à réfléchir à un agrandissement avec les élus. Ce projet m’a beaucoup intéressée et je m’y suis très impliquée. Les locaux ont été terminés à la fin de l’année 1991 mais il a fallu plusieurs mois pour informatiser tous les documents avant de l’ouvrir au public. C’était vraiment nouveau car aucun service à la mairie n’était encore informatisé ! En revanche, avec ce gros changement, les bénévoles ont eu du mal à trouver leur place…
A l’ouverture de la médiathèque, j’avais deux collègues. Nos missions se sont élargies et trois grands secteurs ont vu le jour : adulte, jeunesse et audiovisuel. On a eu des CD, des VHS, puis on a introduit l’accès à l’informatique. On a augmenté les prêts et les animations, ce qui a provoqué une hausse du nombre de lecteurs. Cela a été une envolée ! Avec une fréquentation comme la nôtre, je disais toujours qu’il fallait de la demande, de l’offre et des compétences. Au final, j’ai vu la médiathèque se transformer et évoluer vers un lieu d’accueil, de médiation et de convivialité.
Ce succès était-il propre à Pacé ?
Je crois qu’on avait la plus forte fréquentation de Rennes Métropole (hors Rennes) en termes de prêts et de nombre de lecteurs. On était largement au-dessus et les Pacéens répondaient bien aux animations. J’avais dit au maire, quand il a fallu envisager la surface de la future médiathèque, qu’on avait une structure qui correspondait à une ville de 20.000 habitants ! Et les élus ont bien suivi. Je dois le dire, j’ai connu quatre maires et tous m’ont soutenue et ont reconnu le travail des bénévoles et des collègues.
Quel regard portez-vous sur votre carrière ?
C’est une belle histoire. J’ai trouvé que c’était un métier extraordinaire qui ne présentait que des avantages. On est face à un public très varié qui vient pour se distraire, qui n’est pas du tout hostile. J’ai eu de la chance en tant que professionnelle car j’ai toujours été en accord avec les bénévoles. J’ai aussi noué plein d’amitiés avec des lecteurs, c’était vraiment très fort. Et même si c’était dur de partir à la retraite, je savais qu’elle était entre de bonnes mains…