De 1986 à 2021, Marie-Agnès et Daniel Legavre ont été les heureux propriétaires du café Le P’tit Bénéfice, situé à 4 km du centre sur la route de Gévezé. Un achat coup de cœur pour Marie-Agnès qui devint ainsi la 3e tenancière de ce commerce familial riche d’une histoire séculaire.
Connaissez vous l’histoire du P’tit Bénéfice avant votre arrivée ?
Daniel : Je suis né juste à côté et j’ai passé ma jeunesse ici avec les enfants du bar. Avant, l’établissement faisait café, forge, épicerie et mécanique vélo mobylette. Dans ma jeunesse, il y avait le téléphone public. La plaque 114 était accrochée à l’extérieur, ce qui indiquait qu’on pouvait téléphoner ici. Quand les gens avaient besoin, ils venaient frapper à la porte même la nuit. C’était un tout petit bar, avec un flipper, un baby-foot et une grande table où les gens s’asseyaient tout autour. On y vendait aussi du sel au détail. La forge était dans la pièce à côté et les chevaux étaient attachés au pied de la porte à l’extérieur en attendant d’être ferrés. La boucle est toujours dans le mur.
Marie-Agnès : C’était une entreprise familiale. Les 1ers tenanciers sont restés 60 ans et les 2e 40 ans. Madame Guitton, l’ancienne propriétaire, était très contente de nous vendre car au moins elle vendait à une personne du village.
D’où vient le nom Le P’tit Bénéfice ?
MA : Comme Madame Guitton faisait épicerie, les gens apportaient leur beurre, leur lait, leurs œufs à vendre ici et ils repartaient avec des courses. Alors ils disaient : « C’est un P’tit Bénéfice de venir chez toi ». Ce nom me plaisait beaucoup. Je ne l’ai pas changé parce que pour moi c’était la vie du café, la continuité.
Vous avez réussi à faire vivre le café pendant 35 ans. Quel est votre secret ?
MA : Pour moi c’était un lieu de rencontres, d’échanges, de convivialité. J’essayais de rendre service et de faire plaisir. C’est une vocation. Et j’ai toujours innové en proposant du hareng grillé en début d’année par exemple, ou encore avec la soirée châtaignes en novembre. Au bar, je vendais du vin chaud l’hiver, de la godinette et de la sangria. Les gens ne trouvent pas ça ailleurs. Je faisais aussi une très belle décoration de Noël et je faisais venir le père Noël pour que les enfants repartent avec un petit sachet de chocolat. Voilà, c’est moi ! Ça me demandais beaucoup de travail, parfois pour peu de recettes, mais finalement je me faisais plaisir en premier. Et puis les gens ne mangeaient que des bons produits ici. Pour les concours de palet, les courses de vélo, Daniel, qui est boucher, s’occupait des galettes saucisses, du pâté, des rillettes. On s’est bien complété.
Quels sont vos meilleurs souvenirs ?
MA : Faire la fête. On en a organisé beaucoup ! Pour les 10 ans du café, tout le monde a bu et mangé gratuitement. C’est la plus belle fête que j’ai pu faire. Avant on faisait aussi un feu de Saint-Jean. On s’est donné beaucoup de mal mais on a des bénévoles pour nous aider.
D : Faire des fagots pour la fête du village qu’on a organisée en2000 et la joie de voir le soir que c’est réussi. On était 80. On avait préparé un buffet campagnard cuit au feu de bois. Tout le monde s’était réuni sur le terrain en face de ma maison de naissance.
Le P’tit Bénéfice a fermé ses portes en juin 2021.