Albert Briot, zoom sur l’année 1936

Des ouvriers ont empierré petit à petit les chemins vicinaux : ils ont créé les fossés, coupé les haies, redressé tout le terrain à la main.

Né en 1926, Albert Briot a choisi d’évoquer ses souvenirs de l’année 1936. Alors qu’il était âgé de 10 ans, Pacé ne comptait à l’époque que 1800 habitants et était encore très rurale, loin du confort quotidien que nous connaissons aujourd’hui.

10 ans, c’est l’âge où l’on se rend encore à l’école primaire ?

Oui, j’allais à l’école publique des garçons puis à l’école libre quand elle s’est construite à l’emplacement actuel de l’espace Le Goffic. Comme tous les enfants, je m’y rendais à pied chaque jour avec des  » galoches  » ! Le midi, puisque la cantine n’existait pas encore, beaucoup d’élèves mangeaient dans le bourg un repas qu’ils apportaient avec eux le matin. Certains déjeunaient dans un café, d’autres sous le préau même en plein hiver. Quant à moi, je mangeais seulement une  » beurrée  » avec un bout de chocolat et une bolée de cidre.

Quels changements majeurs observez-vous entre 1936 et aujourd’hui ?

A l’époque, la commune n’avait pas de distribution d’eau et tout le monde avait son puits ou utilisait des puits communs. C’était des lieux de bavardages, comme les lavoirs. Il n’y avait pas non plus d’électricité. On s’éclairait donc avec des lampes Pigeon ou encore des lampes à gaz. Mais, je me souviens d’un patron très ingénieux qui avait monté dans un grand arbre une éolienne reliée à des batteries. Grâce à cette installation, on a pu s’éclairer avec du 110 volt dans les logements. Et bien sûr, seuls les feux de cheminée chauffaient nos maisons. On se brûlait d’un côté, et derrière, on gelait car il n’y avait pas du tout d’isolation ! Je me rappelle également qu’autrefois les chemins et les fermes étaient encore presque tous enclavés par la boue. Il faut dire que nous ne portions pas de bottes mais seulement des  » galoches « . Des ouvriers ont empierré petit à petit les chemins vicinaux : ils ont créé les fossés, coupé les haies, redressé tout le terrain à la main.

Vous êtes issu du milieu agricole. Quels souvenirs en gardez-vous ?

Chaque année, le 29 septembre, avait lieu ce qu’on appelait le déménagement. Ce jour-là, les fermiers en location partaient pour une autre ferme dans la commune ou aux alentours. Comme les étables n’étaient pas toujours saines – la tuberculose n’était pas rare – ou les terres étaient parfois mauvaises, les fermiers cherchaient donc un meilleur endroit.

Nous avions aussi quelques loisirs comme les concours agricoles, organisés par la commune. Celle de 1936 a eu lieu dans la prairie où se trouve maintenant l’espace Le Goffic. On y trouvait des exploitants, des expositions de bêtes, un concours de labours, des produits de la ferme… En guise d’encouragement, celui qui possédait la plus belle bête ou le plus beau légume recevait un prix.

Plus âgé, quels étaient vos loisirs ?

A 20 ans, les hommes fleurissaient les filles nées la même année qu’eux. Chaque garçon apportait un bouquet à la fille choisie et on organisait un petit bal avec un accordéoniste le dimanche après-midi. On allait d’une ferme à l’autre chaque week-end. Mais ça se pratiquait de moins en moins car les curés étaient contre cette coutume. Une année, un curé avait même dit que toutes les filles qui se feraient fleurir dans la paroisse ne seraient pas mariées à l’église…

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